Samba Ndiaye, DG des Grands Trains du Sénégal : « Nous allons lancer l’axe Dakar-Tivaouane dans deux mois »

Samba Ndiaye, DG des Grands Trains du Sénégal : « Nous allons lancer l’axe Dakar-Tivaouane dans deux mois »

Après un voyage test Dakar-Tivaouane, les Grands trains du Sénégal sont en train de mettre les bouchées doubles pour la relance du chemin de fer. Le Directeur général de la société, Samba Ndiaye, revient, dans cet entretien, sur les nombreux défis, l’état d’avancement…

Où en êtes-vous avec la relance du chemin de fer ?

Après le Train express régional (Ter) qui est plus moderne, le Chef de l’État veut faire en sorte que les Sénégalais de l’intérieur puissent aussi se sentir dans le train. C’est le rôle qui nous est dévolu. Pour cette étape du projet qui concerne le transport ferroviaire à l’intérieur du pays, je disais que nous disposons d’un parc de trains qui est là.

Justement, pouvez-vous nous faire le point sur l’état du parc ? 

Nous avons des rames réversibles pour un total de 720 places, un train express qui fait 392 places, peut aller jusqu’à Tambacounda et dispose d’un restaurant et d’un wagon lit. Nous avons également l’ancien petit train bleu qui a 40 wagons, dont 20 en fonction, et qui peut donc prendre 2000 personnes. Donc, nous avons un parc qui peut circuler. C’est justement ce train de 20 wagons qu’on veut utiliser sur l’axe Mbacké-Touba toutes les heures. En dehors de cela, nous avons deux locomotives qui peuvent faire du fret, même si nous ne disposons pas encore de wagons fret, car notre vocation est de faire du transport de passagers et de marchandises. Alors, les équipements sont là. On peut y compter le train express équipé de restaurants, de wagons-bagages, de wagons-lits de première classe climatisée ainsi que de seconde classe ventilée et disposant de wifi. Une façon de dire que sur le plan technique, du dispositif roulant surtout, nous sommes totalement prêts. Même pour les ressources humaines, nous avons ce qu’il faut. Récemment, une équipe de 10 conducteurs a été envoyée au Maroc, pour qu’ils puissent se refaire la main parce qu’étant restés inactifs depuis 2019. Dans ce cadre, un protocole d’accord a été signé avec l’Institut de formation ferroviaire du Maroc. Nous avons les capacités d’entretenir et de conduire nos trains. La preuve, nous avons amené, sans aucun souci, un train à Tivaouane.

Quel était l’objet de ce « voyage » Diamniadio-Tivaouane ? 

Il s’agissait surtout de voir l’état de la voie ferrée et le fait d’avoir déplacé ce train réversible a démontré qu’il est en bon état. Aujourd’hui, grâce à notre protocole d’accord avec la Senter, nous pourrons assurer le rabattement à la gare de Diamniadio. Nous allons transporter les usagers de l’intérieur du pays pour les amener à Diamniadio afin de leur permettre, eux aussi, de profiter du Ter. Nous avons un rôle à jouer dans le développement du réseau ferroviaire au Sénégal. C’est pourquoi nous nous sommes préparés à ce que les trains puissent assurer, dans un premier temps, la circulation entre Tivaouane et Diamniadio, car il faut circuler sur une voie ferrée qui est en bon état. Vu que ce trajet est fait, désormais il ne se posera aucun problème pour qu’un train puisse circuler entre Diamniadio et Tivaouane.

Vous comptez l’atteindre d’ici combien de temps ? 

Deux mois. Pour les autres étapes, il y a, bien entendu, celui de Touba où une voie ferrée existe déjà. Je crois que nos trains ont l’habitude d’amener nos pèlerins à Touba à l’occasion du Grand Magal. Souhaitons, pour le prochain Magal, que nous puissions transporter les pèlerins. C’est le deuxième objectif que nous nous sommes fixés. Sur cet axe, il s’agira de remettre en état les rails. Ce n’est certainement pas une remise en état de grande dimension. Toujours est-il que c’est la Société nationale des chemins de fer qui devrait s’en va occuper. Et dans les objectifs que le Ministre a fixés, il est clairement indiqué que nous allons faire également l’axe Diamniadio-Touba. Même à l’intérieur de Touba, nous envisageons de faire un transport de banlieue avec l’ancien petit train bleu sur l’axe Mbacké-Touba. Le matériel roulant est disponible pour le faire. Donc, la vraie problématique, c’est celle du rail. Ensuite, la troisième étape devrait être l’axe Guinguinéo. La priorité du Chef de l’État, c’est d’aller jusqu’à Tambacounda. Cela veut dire qu’une fois les travaux entamés, nous aurons l’opportunité d’emprunter cette voie qui mène à Tamba, peut-être, de façon séquentielle, c’est-à-dire en fonction de l’évolution des travaux de la voie ferrée.

D’ici combien de temps pensez-vous réaliser tous ces projets ?

Il nous est extrêmement difficile de nous prononcer sur la fin des travaux d’amélioration de la voie ferrée. C’est pourquoi, sur l’axe Tivaouane, l’objectif est de remettre les trains sur les rails d’ici deux mois. Mais, sur les autres axes, dès l’instant qu’il y a des travaux à faire et qu’ils ne relèvent pas de nos prérogatives, il nous sera difficile de donner des dates. En revanche, nous avons des projections. Sur l’axe Touba, par exemple, dans nos plans stratégiques de remise des trains sur les rails, nous envisageons de le démarrer au quatrième trimestre de l’année 2022.

Vous avez dit que le matériel roulant est disponible. Aujourd’hui, quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontés relativement dans la remise en marche de la voie ferrée ? 

Dans ce secteur, nous avons des partenaires. Nous avons signé avec l’un des collaborateurs, la Senter en l’occurrence, qui a entre ses mains la gestion de la gare de Diamniadio. Nous ainsi aurons la possibilité d’y accéder. Mais, les autres aspects ou infrastructures sont gérées par la Société des chemins de fer du Sénégal qui doit réhabiliter la voie ferrée, construire ou réaménager les arrêts.

Peut-on dire qu’avec le Ter, le chemin de fer va bientôt retrouver son lustre d’antan au Sénégal ? 

Oui ! Déjà, il y a le grand espoir avec le Ter qui, actuellement, transporte des milliers de personnes par jour. Certains viennent de découvrir le train parce qu’ils n’ont jamais eu l’avantage de voyager avec. Ce que nous retenons, c’est que nous disposons d’une infrastructure moderne que les Sénégalais utilisent pour vaquer à leurs occupations. Le défi, c’est de créer une jonction avec l’intérieur du pays dès l’instant que la circulation avec le Ter s’arrête à Diamniadio. Nous allons jouer notre rôle pour arriver à faire en sorte que le transport ferroviaire redevienne une réalité au Sénégal. Que les gares puissent revivre, que le commerce au niveau des agglomérations traversées puisse reprendre, que les populations aient le choix des moyens de transport et surtout qu’il y ait moins d’accidents parce qu’on a constaté, au Sénégal, que les routes tuent beaucoup. C’est l’intérêt vraiment de cette revitalisation du rail dans notre pays, et sous ce rapport, nous sommes en train de travailler à ce que cela soit une réalité.

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