Migration irrégulière au Sénégal : les causes profondes d’un drame social et sociétal
A l’image de la migration régulière, l’émigration clandestine n’est pas un phénomène nouveau. Devant la persistance, l’amplification et le durcissement des politiques migratoires dans les pays d’accueil et les conditions de vie de plus en plus difficiles dans les pays de départ ont changé le visage de la migration clandestine. Une migration illégale entre désespoir, espoir et désillusions. Des jeunes désespérés embarquent dans des pirogues de fortune à la quête d’une vie meilleure pour eux et pour leur famille. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce fléau.
Analyse décryptage d’un drame inhumain et dégradant.
Le mal est profond. Les raisons sont à chercher dans le désespoir d’une jeunesse désemparée à la quête d’une vie meilleure en l’absence de politique sociale, économique et d’emploi crédible. Rien ne peut justifier que des milliers de jeunes périssent au large de l’atlantique, embarqués dans des pirogues de fortunes à la recherche de l’eldorado. Ce drame de l’émigration clandestine est d’autant plus inacceptable au regard des potentialités économiques des pays de départ. A cela s’ajoute la mal gouvernance et l’échec des politiques publiques en faveur des jeunes et des couches vulnérables.
En dépit des réels risques encourus, même si l’option de la pirogue semble être récusée par le plus grand nombre d’entre eux. Malaise, traumatisme, des jeunes complètement désemparés. Le Président de l’Association des migrants de retour de Thiaroye sur Mer, Moustapha Diouf revient sur les raisons qui lui ont poussé à prendre la pirogue à l’époque.
« C’était pour ma famille et je n’étais pas le seul. On était des milliers. En 2006 on a perdu à Thiaroye sur Mer 380 jeunes âgés en 25 et 26 ans. On est des pécheurs et nous vivons de la mer. A cause des accords de pêche avec l’Union Européenne que nous avons décidé de prendre les pirogues.
En tant pécheurs, nous savons que Dakar Iles Canaries fait 4970,5 km. C’est pourquoi, on avait des pirogues de 23 mètres de long et 2,5 mètres de largueur avec une capacité de 150 personnes. Le problème c’était qu’on n’avait pas choisi la bonne période pour embarquer.
On n’a pas une politique migratoire depuis 1960. Notre seule source de revenus c’était la mer et à cause des accords de pêche, on a plus les moyens de subvenir à nos besoins et de vivre dignement. Ce sont les difficultés de la vie qui nous ont poussés à tenter l’immigration clandestine », témoigne M. Diouf
A l’en croire, des efforts certes ont été consentis, mais des solutions de suivi et des programmes durables demeurent toujours une problématique. C’est pourquoi, selon lui, face à ce constat, fixer les jeunes dans leur pays demandent des alternatives crédibles en faveur des jeunes.
C’est dans cet esprit que Moustapha Diouf plaide pour une meilleure implication de tous les acteurs à la base justement pour résoudre cette équation qui continue de faire des ravages notamment sur la jeunesse africaine
Avis partagé par Daouda Gbaya, Président de l’Association des Journalistes en migration qui estime que pour combattre l’immigration irrégulière, il faut un effort commun aussi bien dans les pays d’accueil et pays de départ. Et d’insister : « Il faut que nos dirigeants prennent en charge la question de l’emploi des jeunes et redonner espoir aux jeunes afin qu’ils ne puissent plus penser à quitter leur pays via la mer.
« Le monde est fait d’injustice mais il faut penser à les réduire en assouplissant les procédures de délivrance de visas », propose le journaliste. Pour lui, l’Afrique a les ressources et les potentialités pour retenir sa jeunesse. Selon lui, tout est question de volonté politique et d’ambition.
Share this content:
Laisser un commentaire