Le décollage du Maroc, un exemple à suivre selon des journalistes africains
Le décollage économique du Maroc de ces dernières années constitue un exemple à suivre pour l’Afrique subsaharienne, estiment des journalistes d’agences de presse africaines interrogés par l’APS.
Ce pays d’Afrique du Nord était par le passé au même niveau de développement que ceux du Sud du Sahara, ont-ils relevé.
« Le Maroc est développé, et les autres pays africains doivent lui emboîter le pas », a exhorté Nida Ouédraogo de l’Agence d’information du Burkina (AIB), en marge d’une formation à l’intention de correspondants de 16 agences de presse africaines, du 26 au 30 novembre à Rabat.
Initiée par la Fédération atlantique des agences de presse africaines (FAAPA), la session était appuyée par l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) et l’Agence belge de développement (ENABEL).
La recette, pour le journaliste burkinabè, c’est de faire preuve de « courage » pour entamer son envol économique, en mettant l’accent comme le Maroc, sur les infrastructures. La population, elle, doit consommer local.
« J’ai remarqué que depuis que nous sommes là, nous ne mangeons que des produits marocains », relève-t-il
Florent Baïpou de l’Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE) remarque trois éléments déterminants, selon lui, dans le succès du Maroc.
Il s’agit de la volonté politique, de la vision et du patriotisme, grâce auxquels, le Maroc a pu creuser l’écart par rapport aux pays d’Afrique noire qui, pourtant, le « dépassent de loin le Maroc en termes de matières premières ».
La volonté politique d’un « roi visionnaire », à laquelle « la majorité adhère », pèse lourd sur la balance, dit l’agencier, « frappé » par les « drapeaux qui flottent partout ».
De grands projets d’envergure nationale et continentale sont lancés. La ville industrielle prévue à Tanger, la zone balnéaire devant abriter la plus haute tour d’Afrique, non loin de Rabat, ou encore le gazoduc pour relier le Maroc au Nigeria, en sont quelques-uns.
Le choix d’investir dans l’éducation et la formation est aussi important, a-t-il estimé, relevant que le pays a su profiter de la coopération internationale. Il invite l’Afrique subsaharienne à accepter la main tendue du Maroc qui, « depuis 10 ans », investit dans ces pays. « Là où c’est bien, il faut copier », dit-il.
Arthur Dan de l’Agence centricaine de presse (ACAP) pense que le décollage marocain est aussi l’œuvre d’un « peuple qui sait se donner corps et âme ». « Il ne faut pas attendre les Occidentaux pour faire quoi que ce soit, il nous faut travailler nous-mêmes », encourage-t-il.
Mikail Cabral de l’ANG (Guinée-Bissau) se dit choqué par le contraste saisissant à tout point de vue par rapport son pays.
Là-bas, dit-il, l’école publique est à terre, les professeurs en grève depuis deux mois. « Seul le privé marche ». Les fonctionnaires sont mal payés et des agents travaillent « 6 à 20 ans sans embauche », note-t-il.
Le plus grand hôpital de Bissau, Simon Mendy, polarisant les quelque 300.000 habitants de la capitale manque du « plus petit matériel ». A cela s’ajoute un accaparement du bien public par une élite, une corruption presque « légalisée », déplore-t-il, notant que « même si elle (la corruption) existe au Maroc, elle n’est pas visible ».
Jaime Médina d’INFORPRESS du Cap-Vert pense que son pays suit les pas du Maroc, en favorisant l’éducation et la formation des ressources humaines, la lutte contre la pauvreté par des micro-projets pour l’autonomisation des Cap-verdiens. L’Etat développe aussi l’agriculture et la pêche.
Les pays du continent noir regorgent en plus de leurs richesses naturelles, de ressources humaines. Un échange d’expériences utilisé à bon escient, serait un atout, préconise pour sa part Mathieu Yoha, rédacteur en chef des provinces de l’Agence congolaise de presse (ACP).
« Ce que j’ai vu à la MAP (Agence marocaine de presse) m’a impressionné au plus haut point », dit-il, estimant que « cet exemple mérite d’être dupliqué ».
Mouhamed Yarie Soumah de l’Agence guinéenne de presse (AGP) s’intéresse à l’organisation des transports marocains, à la place des femmes dans les services, notamment dans l’hôtellerie, ainsi qu’aux « villes (qui) poussent » dans le pays.
Dans tout cela, il y a une part d’héritage des générations précédentes, dont celle du roi Hassan II, père de l’actuel souverain, qui ont « bien travaillé ».
Témoin d’une manifestation de citoyens devant le Parlement marocain, Ernesto Ludwig de l’Agence gabonaise de presse (AGP), souligne la vitalité démocratique, malgré la présence d’une monarchie. Il apprécie aussi l’ancrage culturel du peuple marocain, tout en s’ouvrant à la modernité.
Le journaliste gabonais s’arrête toutefois sur une faiblesse du modèle marocain. Malgré une politique d’habitat volontariste, marquée par la construction de logements sociaux visibles un peu partout le long des axes routiers, le Maroc moderne laisse sur le bord de la route beaucoup de citoyens, fait-il remarquer.
Il fait allusion à toutes ces personnes qui tendent la main dans les rues de la capitale.
Ernesto Ludwig estime aussi que le Maroc ne traite pas avec les pays subsahariens « pour leurs beaux yeux », mais met plutôt en œuvre sa « diplomatie économique ». A charge pour ces Etats de sauvegarder leurs intérêts dans ce partenariat qui doit être gagnant-gagnant.
Le Maroc est « à la conquête de l’Afrique », avec ses entreprises, surtout dans les secteurs bancaire et des télécoms, souligne Ludwig.
Il ajoute que le pays s’est rendu compte, au moment où toutes les puissances du monde convergent vers le continent noir, de son « erreur stratégique », en sortant en 1984, de l’Organisation de l’Unité africaine devenue Union africaine (UA).
Le royaume alaouite a réintégré l’UA depuis janvier 2017.
Source : APS
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