France : le Medef propose un grand « choc fiscal et de décentralisation » pour répondre aux gilets jaunes
Accélération de la décentralisation, baisse de la fiscalité, redémarrage de l’ascenseur social… Le Medef fait remonter 43 propositions dans le cadre du Grand débat national.
Les gilets jaunes les ont étonnamment épargnés dans leurs revendications depuis le début du mouvement. Mais les employeurs ne pouvaient pas pour autant rester à l’écart du Grand débat national. Depuis janvier, le Medef a organisé 133 réunions dans les territoires. L’organisation patronale a détaillé ce 19 mars ses 43 propositions, remontées de cette consultation de ses adhérents. Certaines sont très classiques, d’autres un peu moins. Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, plaide pour un « choc fiscal et de décentralisation« .
La décentralisation crée des richesses
Le second point n’est pas un combat habituel du patronat. « Historiquement, le Medef est plutôt hostile à la décentralisation. Mais c’est ce que réclament nos adhérents« , souligne Geoffroy Roux de Bézieux. Jusqu’à présent, l’inquiétude était surtout budgétaire : le Medef craignait qu’un renforcement des compétences des collectivités locales ne fasse déraper les coûts et la facture fiscale. « Plus un pays est décentralisé, plus il crée de richesse », plaide désormais le patron des patrons, études internationales à l’appui .
Un domaine devrait faire l’objet de cette décentralisation accrue : les politiques de l’emploi et le pilotage de Pôle emploi. La loi Notre avait renoncé à confier aux régions les manettes dans ce domaine. « Avoir une politique 100 % nationale de l’emploi n’est pas adaptée aujourd’hui« , revient à la charge Geoffroy Roux de Bézieux égratignant la « tentation colberto-nationaliste » des dernières réformes, qui créent des nouvelles agences nationales, « France compétences » et « France santé au travail ».
Deux points de PIB en moins de fiscalité
En matière de fiscalité, les pistes sont plus classiques. Le Medef propose une baisse de la fiscalité à hauteur de deux points de PIB (soit 56 milliards d’euros), répartie à parts égales entre les ménages et les entreprises. Le patronat a entendu les revendications portant sur le pouvoir d’achat. « Il faut une politique équilibrée. Nous avons un outil de production qui n’est pas assez compétitif. Redonner du pouvoir d’achat sans compétitivité va creuser le déficit commercial seulement, sans créer de richesse » plaide Geoffroy Roux de Bézieux.
Côté fiscalité des entreprises, ces baisses d’impôt devraient prioritairement être ciblées sur les taxes de production. Il réclame par ailleurs la suppression de la contribution foncière des entreprises (CFE), assise sur les locaux commerciaux. Comme en Allemagne, celle-ci pourrait être remplacée par une part équivalente de l’impôt sur les sociétés, reversée aux collectivités locales. « C’est ce qui fait la différence entre Carrefour et Amazon« , juge Geoffroy Roux de Bézieux, Amazon n’ayant pas de surface commerciale.
Pour financer ce « choc fiscal », le Medef compte sur une baisse équivalente des dépenses publiques, grâce à la réforme des retraites et à une meilleure efficacité de la fonction publique. « On ne peut pas faire l’économie d’un débat sur l’âge de départ en retraite »assure le patron du Medef.
Un prêt à taux zéro pour les jeunes
Le patronat estime toutefois que son plan devrait coûter moins cher que prévu. Baisser les impôts stimulerait l’activité et permettrait de compenser en partie la perte de recettes pour l’Etat. « Nous sommes à un moment où trop d’impôt tue l’impôt. Le Royaume-Uni a bien réussi à baisser son impôt sur les sociétés et les recettes ont augmenté », argumente Geoffroy Roux de Bézieux.
Pour répondre à la panne de l’ascenseur social, le Medef propose par ailleurs de créer un capital universel pour les jeunes, sur le modèle des « student loans » britanniques. Sous condition de ressources, des prêts à taux zéro pourraient leur être accordés pour financer leurs études ou lancer leur entreprise, voire emménager dans une zone d’emploi en tension. Ils seraient remboursables, à partir du moment où le jeune gagnerait un certain niveau de salaire.
En matière d’égalité des territoires, le Medef plaide pour favoriser le télétravail en diminuant le versement transport quand celui-ci se développe et pour instaurer une prime « mobilité transport » pour les salariés. Il souhaite aussi pérenniser la prime exceptionnelle pour les PME. usinenouvelle
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