Dindefelo, Simbandi brassou et Dioudoubou, ces oubliés de l’acte III
Lancé en 2013, l’Acte III de la Décentralisation est encore loin de séduire au niveau des communes comme Dindéfélo, Simbandi Brassou et Dioudoubou. En effet, six (6) ans après la mise en œuvre de cette réforme qui a mis fin, au plan institutionnel, aux inégalités entres les collectivités territoriales rurales et urbaines par la communalisation intégrale, ces anciennes communautés rurales se distinguent par le retard qu’elles trainent au niveau infrastructures.
Situées dans les régions de Koudougou et Sédhiou, les
anciennes communautés rurales de Dindéfélo, Simbandi Brassou et Dioudoubou,
devenues depuis 2013 des communes de plein exercice avec l’Acte III de la
Décentralisation, présentent beaucoup de similitudes.
Collectivités territoriales perdues aux confins de la frontière
sénégalo-guinéenne et sénégalo-Bissau-guinéenne, ces communes semblent être les
grands oubliés de cette réforme chère à l’actuel président de la République,
Macky Sall. En effet, six (6) ans après la mise en œuvre de l’Acte III de la
Décentralisation, le principe de communalisation intégrale visant à mettre un
terme aux inégalités entres les collectivités territoriales rurales et urbaines
se limite uniquement au niveau institutionnel, avec un maire qui représente la
population locale.
Pour le reste, c’est plutôt une absence criarde d’infrastructures de base qui
est constatée au niveau de ces trois communes qui présentent pourtant beaucoup
d’opportunités au plan touristique et agricole. Aujourd’hui, mis à part de la
commune de Dindéfélo qui tire quelques revenus de sa réserve naturelle, les
autres n’ont presque aucune autre sources de revenus pouvant leur permettre de
financer leur politique de développement locale, en dehors des fonds de
dotation et de concours. Pendant ce temps, les populations locales, pensant que
leurs maires bénéficient de beaucoup d’argent de l’Etat, refusent de verser le
minimum fiscal fixé à 600 F Cfa dans certaines communes.
Dépourvus des ressources financières, des maires redimensionnent ainsi, à l’image
de ceux de Simbandi Brassou et Dioudoubou, leur budget à la taille du montant
des fonds de dotations et de concours reçus de l’Etat.
DES COMMUNES AVEC ZERO KILOMETRE DE ROUTE BITUMEE
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le goudron est un vrai
lux pour nos frères et sœurs résidant dans certains villages des communes de
Dindéfélo, Simbandi Brassou et Dioudoubou. En effet, érigées en comme de plein
exercice depuis 2013, avec l’avènement de l’Acte III de la Décentralisation,
ces collectivités territoriales se distinguent aujourd’hui par les conditions
d’accès difficiles du fait de l’absence totale d’un réseau routier goudronné,
répondant aux normes.
Résultats, plusieurs villages sont coupés du reste de la commune pendant chaque
saison hivernale, paralysant ainsi l’activité économique de toute une
population. C’est le cas à Dindéfélo. Nonobstant les nombreuses potentialités
touristique de cette commune de la région de Kédougou, du fait des chaines de
plateau qui l’entourent et offrant une vue panoramique mais aussi de sa cascade
(chute d’eau) et sa réserve naturelle communautaire peuplée de plusieurs espèce
animalières dont les chimpanzés, cette commune se distingue par ces
conditions d’accès très difficile.
Située seulement à une vingtaine de kilomètres (environ 25 km) au Sud de la
commune de Kédougou, Dindéfélo dont le nom renvoi, en langue Peulh, «au
pied de la montagne» ne dispose d’aucune route. Et plusieurs localités de ses
12 villages sont coupées du reste de la commune pendant chaque période
hivernale. L’unique voie qui la relie à Kédougou a atteint un niveau de
dégradation telle que très peu de véhicules s’y aventurent. Seuls quelques
véhicules, pour la plupart des 4X4, osent arpenter aujourd’hui les 29 km de
piste d’accès qui relie Kédougou à Ségou, village abritant le dernier poste
frontalier avant la Guinée. Une situation que le maire de la localité n’a pas
manqué de dénoncé.
En effet, faisant état d’une baisse drastique du nombre de touristiques chaque
année pendant la période hivernale, Kikala Diallo a déploré l’oublie de sa
commune par l’Etat dans le cadre des programmes publics. Au niveau des communes
de Simbandi Brassou et Dioudoubou, située dans la région de Sédhiou, on a
presque une situation identique. Mise à part la route nationale (RN6) qui
traverse la commune de Simbandi Brassou du Nord au Sud, il n’y a aucune autre
voirie. Conséquence, l’activité économique largement dominé par la production
de manques, d’anacardes et d’oranges se trouve dans une situation d’impasse. En
l’absence de voirie, il se pose un réel problème d’écoulement de la production
de ces filières.
TIMIDE PRESENCE DU PUDC ALORS QUE LE PUMA EST INEXISTANT
Interpellés sur les réalisations des programmes comme le Puma, le Pudc, mis en
place par l’Etat pour accompagner des localités comme les leurs, sur le plan
des infrastructures de base, les maires de ces trois communes ont tous indiqué
n’avoir bénéficié d’aucune réalisation du Programme d’urgence pour la
modernisation des axes frontalières (Puma). Les seules infrastructures dont
leurs administrés ont bénéficié ont été réalisées par le Programme d’urgence de
développement communautaire (Pudc), font remarquer le maire, Kikala Diallo de
Dindéfélo et son collègue Malamine Cissé de Simbandi Brassou. S’agissant de leur
collègue de Dioudoubou, Ibrahima Djitté, il a affirmé que sa commune,
contrairement aux deux citées, ne compte pour le moment aucune réalisation à
l’actif de ces programmes de l’Etat, mis à part une promesse de construction
d’un poste de santé du Pudc qui ne s’est pas encore concrétisée.
UNE PRISE EN CHARGE SANITAIRE AU RABAIS
Au niveau de ces trois communes, les difficultés des populations locales ne concernent pas que les conditions d’accès difficiles de leurs terroirs. Au plan sanitaire, la situation désastreuse est marquée par l’absence d’infrastructures sanitaires dignes de ce nom et un manque de personnels soignants. En effet, si la référence à Dakar et dans beaucoup d’autres communes du pays, c’est un centre de santé par commune, tel n’est pas le cas au niveau de certaines parmi ces trois communes.
Dans la commune de Dioudoubou, par exemple, les 6000 habitants environs qui peuplent cette commune ne dispose même pas d’un poste de santé, en cas de pépin sanitaire. La commune de ne compte seulement que trois cases de santé dont deux fonctionnels. «Nous n’avons que trois structures de santé dont deux fonctionnels. Aujourd’hui, Djidoubou est un parent pauvre en termes d’infrastructures sanitaires. On n’a pas de postes de santé dans toute la commune. Notre commune est enclavée et il se pose un réel problème de prise en charge des femmes enceintes. D’une part, on est cerné par le fleuve Casamance et d’autre part par une piste pas du tout praticable.
En plus, on n’a pas d’ambulance et les évacuations sanitaires se font par charrettes», déplore Ibrahima Djitté, maire de la commune Djidoubou. Abondant dans le même sens, Malamine Cisse, maire de Simbandine Brassou affirme que sa commune, peuplés par environs 17.000 âmes, ne dispose que d’un poste de santé et 6 cases de santé. «Au niveau du poste de santé, il y a l’infirmier chef de poste (Icp), une sage-femme appuyée par des matrones», révèle-t-il.
Nando Cabral Gomis (Sud Quotidien)
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