Approvisionnement du pays en moutons durant la tabaski : decidement les trains qui arrivent à l’heure n’interessent jamais personne
Par lettre circulaire N° 1806 PR/MESG/CT-PSS du 17 juin 2020, le Président de la République, mobilisait onze ministres de l’équipe gouvernementale pour faciliter l’approvisionnement du pays en moutons pour la tabaski. A cet effet, il les invitait à faire observer jusqu’au 12 septembre 2020, soit pendant 90 jours, les mesures ci-après qui s’appliquent au niveau des frontières, des axes de convoyage, des zones d’attentes et des points de vente : (i) l’assouplissement du contrôle des camions transportant des moutons ; (ii) la réduction du contrôle au strict nécessaire ; (iii) l’exonération des droits et taxes sur les moutons de tabaski ; (iv) l’autorisation de la présence, à bord de chaque camion, de trois bergers chargés de la surveillance des animaux transportés. De telles instructions et la panoplie de départements ministériels ciblés renseignent à suffisance sur l’importance accordée par le Chef de l’Etat aux questions sanitaires et d’hygiène surtout dans ce contexte de covid-19, de sécurité, de disponibilité des points de vente, des points d’eau, de l’aliment de bétail, et l’approvisionnement correcte du marché en moutons et en denrées.
En application desdites instructions, les ministres des Forces Armées, de l’Intérieur, des Finances et du Budget, des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, de l’Eau et de l’Assainissement, de la Santé et de l’Action Sociale, des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, de l’Environnement et du Développement durable, de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises se sont merveilleusement acquittés de la mission. Le bétail a été acheminé dans les délais et en toute sécurité, la surveillance des trente-huit (38) points de vente normalisé à Dakar (arrêté N°073/GRD/AD du 29 juin 2020) et dans les régions et leur approvisionnement en eau assurés, des mesures d’hygiène et sanitaires prises, les points de vente suffisants grâce à la collaboration des Maires et du ministère en charge des collectivités territoriales, le marché suffisamment pourvu en denrées nécessaires au bon déroulement de la fête. Fait important à souligner, la synergie développée entre les équipes des différents départements ministériels pour plus d’efficacité et d’efficience.
Mais le principal point d’attention était sans doute la mission dévolue au Ministre de l’Elevage et des Productions animales, Monsieur Samba Ndiobène KA pour plusieurs raisons. D’abord parce que le mouton constitue la principale préoccupation des chefs de famille et la beauté de la fête dépend en grande partie de sa disponibilité et de son accessibilité. Le mouton doit être en effet disponible partout et à la portée des bourses pour que la fête soit belle. Ensuite, les inquiétudes liées au contexte de la pandémie de la covid-19 avec les incertitudes relatives à l’acheminement du bétail des pays limitrophes vers le Sénégal. Il fallait lever toutes les contraintes issues des mesures sécuritaires prises de part et d’autre. Pour cela, la diplomatie devait entrer en jeu. Il fallait avoir une capacité réelle de persuasion pour rassurer et convaincre toutes les parties prenantes. Autre préoccupation, la disponibilité des aliments de bétail en période de fin de saison sèche, marquée par le dénuement des zones de pâturage et le manque de fourrage. Enfin, parce qu’il était le Ministre le plus attendu compte tenu du déficit de moutons constaté l’année dernière, alors qu’il venait à peine de prendre les rênes de son ministère. D’aucuns sont allés jusqu’à soutenir que le Ministre a fait bloquer les camions maliens afin de permettre à ses parents peulhs d’écouler leur bétail.
D’autres ont malencontreusement évoqué sa jeunesse et son manque d’expérience. Quelles cyniques explications ! Les défis étaient donc énormes pour le Ministre et son équipe. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils se sont formidablement acquittés de la mission car tous les points d’attention ont été maîtrisés, les risques mitigés et le marché suffisamment approvisionné en bétail. Concernant la question des prix, c’est un autre débat, car je comprends difficilement la cherté des moutons avec toutes les facilités de l’Etat envers les éleveurs.
Mais comment le ministre s’en est-il pris pour relever le défi de l’approvisionnement en mouton du marché ? L’observateur que je suis a été heureux de constater un ministre au front, sur toute l’étendue du territoire national, à la rencontre et à l’écoute des éleveurs qui ont bénéficié de l’assistance du Chef de l’Etat en aliments de bétail. Sur le terrain, on avait d’ailleurs du mal à le distinguer parmi les éleveurs, tellement la fusion était totale. Concernant d’ailleurs la distribution de cette aide, je n’ai entendu aucune récrimination venant des éleveurs et indexant les équipes du Ministère de l’élevage. Et connaissant mes compatriotes, s’il y avait une seule once de dysfonctionnement, les francs-tireurs embusqués allaient s’en saisir comme ils ont voulu le brûler l’année passée. En tant qu’observateur, j’ai été également séduit par la belle innovation introduite cette année par le ministère de l’Elevage avec l’usage d’une plateforme numérique de suivi de la disponibilité du bétail sur le territoire national.
A l’arrivée, les besoins en moutons estimé à 803 000 têtes, dont 203 000 pour la seule région de Dakar ont été largement dépassé avec une répartition conséquente dans les différentes régions. Résultat, le pays a été pourvu en bétail et pour la tabaski et pour la prochaine fête d’Achoura ; les mesures édictées par le Président de la République couvrant une période de 90 jours. Cerise sur le gâteau, les éleveurs n’ayant pas pu écouler leur marchandise (150 000 invendus) ont bénéficié de l’accompagnement de l’Etat en terme de transport pour le rapatriement du bétail, d’exonération de taxes pour ceux qui désirent encore rester, etc.
Je n’ai pu m’empêcher de faire ce papier après un mois après la tabasbi car j’ai le sentiment que dans notre pays, on ne sait pas reconnaître le mérite d’autrui. J’ai guetté en vain des sorties médiatiques appréciant le formidable travail qui a été abattu par les équipes de Samba Ndiobène KA en synergie avec tous les onze ministères et les éleveurs pour approvisionner le marché en moutons. Les pourfendeurs professionnels ont été muets comme des…. Au Sénégal, on semble malheureusement ne pas pouvoir apprécier les efforts déployés et mettre en lumière des personnes méritantes. Les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne, me rétorquerez-vous. Soit. Mais je constate avec regret qu’on est plutôt enclin à voir le mal partout, de sortir les manquements et dysfonctionnements, de dénoncer les scandales présumés ou souhaités. Ce n’est pas mauvais en soi de critiquer. La critique positive et fondée fait jaillir la lumière et fait avancer les choses dans le bon sens. Mais quand elle est sous-tendue par une attitude constamment négative, cela frise une certaine jalousie et une méchanceté gratuite qui ne dit pas son nom. Reconnaissons à Samba Ndiobène KA son mérite et félicitons-le, autant qu’on l’a critiqué l’année dernière quand il y a eu pénurie de moutons. C’est ça l’objectivité. Les experts en tout qui se précipitent sur les plateaux de télévision ou qui se font inviter dans les différentes radios et sites d’information, sont invités à analyser les prouesses du Ministre Samba Ndiobène KA, tout comme celles du Ministre Aminata Assome DIATTA, du Directeur de l’Horticulture M. Macoumba DIOUF qui, en collaboration avec les commerçants et les maraîchers, ont permis à mes parents Sereer d’avoir leur sauce préférée avec du pain (rires. Chers cousins peulhs et Diola et autres Thiamènes, délectez-vous !).
C’est pareil pour le Ministre Abdou Karim FOFANA et les équipes de l’UCG qui ont assuré la salubrité de la capitale dès le lendemain de la Tabaski.
Pourtant, personne n’en parle. Que dire du Ministre des Forces Armées Maître Sidiki KABA et celui de l’Intérieur, Monsieur Aly Ngouille Ndiaye avec les Forces de défense et de sécurité qui ont assuré pleinement leur mission sur toute l’étendue du territoire national ? Maître Oumar Youm a quant à lui grandement contribué à la mobilisation des transporteurs pour l’acheminement du bétail. M. Abdoulaye Diouf SARR pour sa part, a eu le flair de demander avec égard et pertinence aux populations de rester passer la tabaski sur place pour éviter les risques de contagion de la pandémie. Il n’a malheureusement pas été entendu et le résultat est là. La covid-19 a fini de gagner toutes les régions du pays.
Mais quand il s’agit de tourner en dérision une autorité ou un responsable, on est très fort. Les images et la vidéo de l’inondation d’un centre d’examen (sur 1781 centres d’examen s’il vous plaît !) en l’occurrence l’école 20 de Guédiawaye en plein examen du CFEE ont tourné en boucle dans les réseaux sociaux avec des commentaires volontairement tendancieux. D’aucuns dans leur dénonciation ont même critiqué les enseignants qui ont accepté de poursuivre le travail en ignorant délibérément les circonstances dans lesquelles le centre a été inondé et le moment exact de la survenance de l’incident. La pluie a-t-elle été antérieure à l’administration des épreuves ? Personnellement, la vidéo m’est parvenue de l’étranger. C’est dire combien certains de nos compatriotes sont prompts à dénoncer, même s’il faut porter atteinte à l’image du pays. Cela s’est passé à Dakar cette fois-ci. Mais que dire de certains élèves et enseignants de la zone sud qui pataugent presque tous les ans parce que le calendrier scolaire n’a pas tenu compte de la précocité des pluies dans cette zone ? Je respecte l’opinion des pourfendeurs sans l’approuver. Personnellement, je présenterais autrement ce qui s’est passé à l’école 20 pour exalter le patriotisme des collègues enseignants, surveillants et chef de centre qui ont bravé les eaux ainsi que la détermination des élèves à obtenir leur premier parchemin. Contre vents et marées, ils ont tenu bon pour finir l’examen. Plutôt que de les porter en lumière, on a voulu les présenter comme des gens sans foi. C’est pourquoi, je voudrais demander solennellement à Monsieur Mamadou TALLA, Ministre de l’Education nationale de féliciter ces vaillants soldats de l’école.
Pour faire juste mesure, j’aimerais bien que ces réalisateurs occasionnels à la recherche du buzz et du sensationnel, aillent prendre des vidéos au Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) où, le Directeur général et son équipe sont en train de changer radicalement le visage du campus social devenu reluisant. Et cela ne semble intéresser personne. Au contraire, on ne parle du COUD que quand il y a des problèmes du genre, détournement de fonds, vente de drogue, vol, viol, etc. Et pourtant, de bonnes choses sont en train de s’y faire en parfaite synergie avec les étudiants. Idem pour l’état d’avancement des chantiers des Domaines agricoles communautaires (DAC). Pour souci d’équilibre, y-a-t-il quelqu’un pour aller filmer le nouveau visage de la VDN, les travaux des ponts de Foundiougne et de Marsassoum et tant d’autres réalisations pour montrer cette vidéo à la face du monde ?
Pour revenir à la question de l’approvisionnement du pays en moutons durant la Tabaski, je dirai que le défi a été relevé avec brio et il serait juste que l’opinion nationale puisse le relever. Pour les prochaines années, le défi reste le même, on le sait. C’est pourquoi, il urge que la politique nationale d’autosuffisance en moutons puisse atteindre rapidement ses objectifs.
Le Gouvernement sait bien que pour une question de souveraineté, mais aussi au regard de la géopolitique très instable de la sous-région, le pays ne pourra pas continuer à dépendre des pays limitrophes. Sans être dans le secret des dieux, je sais que les équipes du Ministère de l’Elevage et des Productions animales sont déjà à pied d’œuvre pour la prochaine tabaski.
En attendant, il serait bien que les onze ministres visés par la lettre circulaire du Président de la République ou du moins Monsieur Samba Ndiobène KA le principal concerné, fassent une conférence de presse-bilan au terme du délai des 90 jours. C’est une façon d’obliger cette opinion hargneuse et négative à apprécier l’excellent travail qui a été fait. Pour terminer, j’emprunterai à mon ami Docteur Massamba GUEYE son slogan qui reflète la nécessité d’adopter une attitude positive en lieu et place de ce qu’il appelle la violence réactionnelle : NAY RAFET. Et Imam Aliou Sall de renchérir Ku añaan du rafet! Kon looy añaanee nit ? Féexal! Kon gaayi na ñu féex waay!
Oui, quand ça ne va pas, disons-le tout haut, mais avec courtoisie en faisant surtout des propositions d’amélioration. Mais quand ça marche, ayons l’élégance et l’honnêteté de le dire à haute et intelligible voix. Ayons également la courtoisie de féliciter et d’encourager les auteurs de ces success. En les honorant, on s’honore soi-même. Alors, à M. Samba Ndiombène KA je dis ceci : pour l’approvisionnement du pays en moutons durant la Tabaski, vous avez très bien travaillé, ainsi que vos dix autres collègues. Tes cousins Sereers, mes cousins Joola, les Njobeen, les Njayeen et les Caameen avec à leur tête un éminent Professeur archiviste documentaliste, Jolof Jolof pure laine, se sont bien régalés. On’n njarama ! Deweneti à tous et à toutes !
Par Lamine SARR
E-mail : lamsarren@gmail.com
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