Wassakodé (Matam) : Au village de la débrouille

Wassakodé (Matam) : Au village de la débrouille

Wassakodé est un village situé à 2 km de Sinthiou Garba, dans la commune d’Ogo. Ici les populations, composées essentiellement de peuls, de « maabos » et de « lawbés », ont très tôt pris leur destin en main pour s’offrir des services sociaux de base.

MATAM – Pour relier Wassakodé, une localité située dans la commune d’Ogo, il faut passer par Sinthiou Garba en empruntant une piste latéritique en direction du Diéri sur 2 km. Ce village qui s’appelait d’abord « Wassa » aurait été fondé en 1285 par Farba Souleymane Ndiaye. Ensuite, El Hadji Oumar Tall qui était de passage lui donna le nom de « Wassakodé » qui signifie « qui ne manque pas de boules de mil », en guise de reconnaissance pour l’hospitalité qui lui a été réservée. Le village compte aujourd’hui 4 200 habitants.

Wassakodé présente une architecture magnifique à voir. Les maisons et les villas qu’on y trouve offrent un décor plutôt splendide. En réalité, c’est un beau village. Une ambiance folle règne sur la rue principale du village. Les menuisiers métalliques dans leur besogne exercent une pollution sonore sur les passants. Les charretiers continuent de faire leur va-et-vient sans interruption. Les vendeuses de légumes devant leurs tables palabrent en attendant l’arrivée des clients. Ramata Ndiaye, teint noir et sourire aux lèvres, vend des légumes au marché. Cette activité lui permet de satisfaire ses besoins. Néanmoins, elle fait face à des difficultés liées à la cherté des légumes et à la rareté des clients. À quelques encablures du marché, Mamadou Sy, un jeune homme tient un atelier de couture. Ce dernier a eu la chance d’apprendre ce métier ici dans le village jusqu’à en avoir assimilé tous les rudiments. Aujourd’hui, il gagne sa vie grâce à cette activité car il arrive à subvenir à ses besoins.

Sur ce même chemin, nous avons rencontré Aliou Ndiaye, étudiant à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Cheikh Anta Diop. Il vient de réussir le concours d’infirmier d’État. Ce natif de Wassakodé nous donne une lecture détaillée de la situation du village. Apparemment, Wassakodé n’a pas attendu l’État pour offrir aux siens des infrastructures telles que l’école, la case de santé et le marché. Aliou Ndiaye relate que ce sont les fils du village d’ici et de la diaspora qui ont pris leurs propres initiatives pour construire les premières salles de classe, avant que les autorités ne viennent prendre la relève. C’est le même effort fourni pour offrir aux enfants la case des tout-petits. Aussi, les populations ont mis à la disposition du personnel enseignant un logement social.

Les populations de Wassakodé se rendaient à Sinthiou Garba pour recevoir des soins de santé. Cette situation est jugée difficile pour les populations qui rencontrent des difficultés liées à l’accès aux soins de santé. C’est ainsi que le village s’est engagé à construire la case de santé qui n’a pas encore reçu de personnel de santé provenant de l’État. Par conséquent, les populations ont elles-mêmes décidé de prendre la charge de tout le personnel de santé travaillant dans la structure. Mais dans le long terme, le soutien de l’État est attendu par les populations.

Par ailleurs, ce natif du village égrène le chapelet de doléances de la localité. « L’accès à certains quartiers pendant la saison des pluies est difficile parce que le village est ceinturé par les eaux. La construction de pontons va certainement faciliter la circulation des personnes. En outre, la mosquée du village menace de s’effondrer car elle est dans un état de délabrement très avancé », avertit Aliou Ndiaye. À cet effet, les populations sollicitent le soutien de l’État pour la réfection du lieu de culte.

Wassakodé est aussi un village artisanal

L’artisanat est une activité très développée dans le village. En effet, les populations sont de véritables artisans excellant dans la poterie. Wassakodé doit sa réputation à cette activité traditionnelle. Trouvée dans l’enceinte de son atelier, Fayol Yéro Sy est tout joyeuse de nous raconter ce métier qu’elle a hérité de ses ancêtres. Elle vient de finir le moulage de son deuxième canari de la journée. « La poterie est un art qui se transmet de génération en génération chez nous », révèle-t-elle. Ici la poterie obéit à un rituel bien établi, d’après cette potière. Selon elle, il faut d’abord puiser la matière dans un « marigot » autorisé par les anciens comme celui situé dans le village d’Ogo à une dizaine de kilomètres. Ensuite, il faut une quantité importante de bouse de vache qui sera ensuite mélangée avec le banco. C’est tout un processus avant d’arriver au résultat final. « On dépense beaucoup d’argent dans la fabrication », se plaint-elle.

Le Soleil

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